La Ville de Paris et la SNCF préparent, dans un « protocole-cadre » qui est soumis au vote des élus parisiens le 13 avril 2015, un tronçonnage des 23 km de voies ferrées de la Petite Ceinture Ferroviaire (PCF).
Ce tronçonnage ne laisse plus comme sections dédiées au trafic ferroviaire, selon les documents en annexe du protocole : qu’un bout entre le faisceau Nord et le faisceau Est, dans le secteur La Chapelle ; un bout le long du Boulevard Victor ; et un raccord entre la Gare de Lyon et la Gare d’Austerlitz. Tout le reste est destiné à d’autres usages que le transport, par ouverture progressive au public.
La Ville de Paris utilise pour cela l’absence de projet de la SNCF sur cette infrastructure ferroviaire, qui fait pourtant partie du réseau ferré national et dont la préservation est inscrite au Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) à horizon 2030.
La Ville de Paris prétend que ces aménagements sont « réversibles ». Mais, dans les faits, elle a déjà supprimé les rails sur de nombreux endroits, dans le 13e arrondissement (ZAC Paris Rive Gauche) et dans le 19e arrondissement (de la station Pont de Flandres à la rue d’Aubervilliers).

Trois contradictions majeures

1 / Densification urbaine sans transport public

La Ville de Paris soutient un programme de densification urbaine sans précédent le long de la Petite Ceinture : Ministère de la Défense à Balard, tour Triangle porte de Versailles, quartier de la place de Rungis, tours Duo du quartier Bruneseau, opération Bercy-Charenton, etc….
Toutes ces opérations se traduiront par un appel massif à la seule ligne de transport public existante, le tram T3 déjà au bord de la saturation. La seule solution permettant d’offrir aux usagers une alternative à l’automobile sera à terme le recours à l’infrastructure de la Petite Ceinture.
Or, en attribuant subrepticement l’infrastructure de la Petite Ceinture à d’autres usages que le transport, la Ville de Paris prépare pour le tram T3 une situation que les Parisiens ne connaissent que trop sur la ligne 13 du métro !

2 / Lutte contre la pollution atmosphérique et monopole du camion
La Ville de Paris déclare vouloir lutter contre la pollution atmosphérique due à la circulation, en particulier celle des véhicules diesel. Or, la seule alternative crédible aux camions diesel est aujourd’hui le fret ferroviaire urbain. En acceptant la liquidation des installations fret existantes le long de la Petite Ceinture, la Ville de Paris condamne les Parisiens à dépendre à 100 % des camions.

3 / Biodiversité et ouverture au public
Le refuge de biodiversité que constitue aujourd’hui la Petite Ceinture résulte de sa fermeture totale à toute intrusion durant plusieurs décennies. Ouvrir peu à peu ses emprises au public, c’est permettre l’invasion de ces espaces protégés au détriment de la biodiversité. C’est ce qui est en train de se produire sur certains tronçons déjà ouverts au public.
Le meilleur compromis entre biodiversité et usage public raisonné de cet espace est son aménagement à terme en site propre pour un système de transport silencieux et non polluant et l’ouverture au public des seuls points d’arrêt et des sur-largeurs par rapport au gabarit ferroviaire.

En niant ces contradictions, la Ville de Paris, en complicité avec la SNCF, est prête à insulter l’avenir en liquidant une infrastructure unique pour Paris et notre région.

Inscrire la PCF au Plan des déplacements urbains d’Ile-de-France
Nous pensons que la Petite Ceinture Ferroviaire doit s’inscrire dans le schéma régional des transports de la Région Ile-de-France, matérialisé par le Plan des Déplacements Urbains, à la fois pour les voyageurs et les marchandises. Par exemple : lieu d’arrivée de trains de marchandises ; lieu de stockage et de distribution directe ; lieu de départ de la logistique du dernier kilomètre (véhicules électriques, vélos triporteurs etc.).

À plus court terme : des trains touristiques et des transports innovants
Nous proposons deux usages :

  la circulation de trains touristiques ou d’expositions, anciens ou modernes, comme transports exceptionnels ;

  la circulation de véhicules écologiques innovants, ayant besoin d’un rail de guidage : voitures « intelligentes », véhicules à nouvelles batteries, vélo-rails, par exemple.

À moyen terme : un Musée Innovant des Transports
Nous proposons la création d’un Musée Innovant des Transports de Paris (MITPA) près d’une gare de la Petite Ceinture Ferroviaire, celle de La Rapée-Bercy, pour conter l’histoire des transports franciliens et exposer des nouveaux matériels en situation réelle de fonctionnement. Nous avons déposé un dossier à ce sujet dans le cadre du budget participatif 2015-2016 de la Ville de Paris.

Nous demandons par conséquent aux élus de refuser en l’état le protocole-cadre qui est proposé au vote, qui tronçonne la Petite Ceinture Ferroviaire en empêchant des circulations ferroviaires continues, de vérifier la conformité de ce protocole au SDRIF et aux accords avec la Région-Ile-de-France, de maintenir la continuité de la plateforme et des rails sur les 23 km exploitables de la Petite Ceinture Ferroviaire, comme partie prenante du réseau ferré national.