Début octobre, le président du Directoire de la Société du Grand Paris faisait savoir qu’il souhaitait « réinterroger l’ensemble du projet » dans un but d’économie. Malheureusement, sa première décision concerne ce qu’on appelle « l’interopérabilité » des lignes 15 Sud et 15 Est à Champigny.
Sous ce terme se cache tout bonnement la principale fonctionnalité de la ligne 15, en tant que rocade : tourner en boucle. Cette caractéristique, obtenue grâce à l’action persévérante du Syndicat des Transports d’Ile-de-France, des élus de toutes tendances politiques et des associations d’usagers groupées dans l’association Orbival, est donc remise en cause dans une vision court-termiste du Grand Paris Express.
Pire, la suppression de l’interopérabilité à Champigny ouvre la porte au report sine die de la ligne 15 Est, détruisant de fait le caractère de rocade de la ligne15.
Nous risquons donc d’avoir à terme un Grand Paris Express dont certaines des principales fonctionnalités auront été sacrifiées au profit d’économies illusoires. D’autres pistes, conservant toutes les caractéristiques essentielles du projet tout en réduisant les dépenses somptuaires, comme la conception monumentale de certaines gares, seraient plus pertinentes.
Cette affaire pose aussi le problème de la gouvernance de ce projet. Après une loi votée par le Parlement, après deux débats publics auxquels avaient participé de très nombreux Franciliens, après de multiples enquêtes et déclarations d’utilité publique publiques, après les annonces du Premier Ministre rendant ce projet « totalement irréversible », comment peut-on, par une simple interview au Parisien, annoncer la décision unilatérale de modifier fondamentalement un point essentiel, pour les futurs usagers, de cette rocade ?
Les administrateurs d’Ile-de-France Mobilités (ex-STIF) ont immédiatement réagi en réclamant à l’unanimité le maintien de l’interopérabilité de la ligne 15 à Champigny.
Le Premier Ministre a su se saisir du projet du Grand Paris Express, début 2018, en annonçant courageusement les dérives budgétaires et de planning qui s’étaient accumulées depuis des années.
Il appartient maintenant au Premier Ministre de prendre en compte la demande unanime des élus et des usagers franciliens en confirmant le maintien intégral de la ligne 15 en tant que rocade.