L’Association des Usagers des Transports / FNAUT Ile-de-France soutient le principe d’une liaison ferroviaire Roissy-Picardie dont nous approuvons les objectifs :
– relier les territoires jusqu’à Amiens et Saint-Quentin (le maitre d’ouvrage semble avoir oublié l’axe Paris Compiègne Saint-Quentin) au réseau à grande vitesse et renforcer ainsi l’accessibilité par le ferroviaire de la partie Sud de la région Hauts-de-France et du Nord-Est du Val d’Oise ;
• développer l’intermodalité fer-air en gare de Roissy-TGV;
• améliorer les déplacements quotidiens et l’accès au pôle économique et d’emploi de Roissy en transports collectifs, depuis les territoires situés au nord de la plateforme aéroportuaire (Sud des Hauts-de-France et Nord-Est du Val d’Oise);
• proposer aux habitants de la région Hauts-de-France (bassin Picardie) un nouvel accès à l’Ile de-France, dans un contexte où l’augmentation de dessertes vers Paris-Gare du Nord n’est plus possible en heure de pointe.
Remarquons cependant que si ce projet bénéficiera essentiellement aux voyageurs des Hauts de France, les trafics internes à l’Île-de-France empruntant la liaison sur le trajet Survilliers-Roissy représentent 35 % des flux sur la section de ligne nouvelle.
Néanmoins, le projet se situant presqu’en totalité au sein du réseau francilien, il est nécessaire d’attirer l’attention des garants de la concertation sur deux points capitaux.

A PROPOS DU PHASAGE DU PROJET
Le projet est scindé en deux phases :
• La première phase permettra de mettre en oeuvre les principaux objectifs du projet et les aménagements indispensables sur la ligne Paris-Creil pour un montant de 294 M€, soit 83 % du cout total du projet.
• La seconde phase est destinée à améliorer la robustesse de l’exploitation de la ligne pour un montant de 62 M€, soit seulement 17 % du coût total du projet.
Etant donné la grande fragilité et l’extrême sollicitation du réseau ferré francilien, en particulier de « l’axe Nord », il n’est pas envisageable que la mise en service de la première phase de la liaison Roissy-Picardie s’effectue sans amélioration de la robustesse de l’exploitation et devienne une cause supplémentaire de perturbation de la ligne Paris-Creil.
Par conséquent, nous demandons que le maître d’ouvrage renonce au phasage de ce projet.
Note d’avril 2021 : à ce jour, malgré les demandes d‘Ile-de-France Mobilités, aucune étude de l’incidence des circulations supplémentaires sur l’axe Nord n’a été communiquée à l’autorité francilienne organisatrice des mobilités.

A PROPOS DES RESSOURCES A AFFECTER AU PROJET
Comme le maître d’ouvrage du projet le sait, le réseau francilien et en particulier son « axe Nord » dans lequel s’insérera la liaison Roissy-Picardie est l’objet d’une vaste opération de remise à niveau menée concomitamment avec d’autres projets majeurs comme le Charles de Gaulle Express ou le Grand Paris Express. L’imbrication des différents sujets a nécessité la mise en place d’un arbitrage délicat mené en 2019 par le Préfet d’Ile-de-France afin de concilier les différents plannings et de gérer au plus juste les ressources humaines nécessaires à ces opérations. Il en a résulté des choix courageux comme le report de la mise en service du Charles de Gaulle Express.
L’insertion d’un nouveau projet majeur dans ce contexte est donc particulièrement délicate surtout si l’objectif de mise en service est fixé à 2025.
En tout état de cause, il n’est pas envisageable que les ressources humaines nécessaires aux opérations déjà programmées en Ile-de-France et indispensables à la fois aux usagers franciliens et à ceux des Hauts-de-France soient dévoyées vers un nouveau projet dont nous ne contestons pas l’utilité mais dont le lancement prématuré serait profondément perturbateur pour tous les voyageurs concernés par la ligne Paris-Creil.

Note d’avril 2021 : à ce jour, malgré les demandes d’Ile-de-France Mobilités, aucune assurance n’a été donnée à l’autorité francilienne organisatrice des mobilités.